Le jour où... « J’ai partagé la vie de paysans togolais »
Geneviève, avicultrice dans l’Oise, 58 ans.
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«En janvier dernier, je suis partie huit jours au Togo, avec sept agricultrices de mon groupe de développement féminin (1). Nous sommes allées rencontrer des paysannes dans un village de la brousse, à une centaine de kilomètres au nord de Lomé. J’ai été émerveillée par leur accueil. Toutes avaient revêtu leur pagne de fête. Elles chantaient, jouaient du djembé, dansaient et nous invitaient à prendre part. Leur joie communicative m’a comblée. Le but de notre voyage, avec l’AFDI (2), était d’accompagner un projet de création de poulaillers par des productrices togolaises. J’étais curieuse de découvrir comment elles vivaient et cultivaient la terre.
Après deux jours d’échanges avec des groupes de femmes et des paysans producteurs de maïs, j’ai partagé le quotidien de Komi, une villageoise. J’ai vécu une expérience inoubliable. Cette femme, qui vivait sans eau courante, ni électricité, avait un sens de l’accueil incroyable. Elle m’a fait découvrir, avec une grande fierté, la culture et la préparation du manioc, de l’adémé (plante utilisée pour les sauces) et des patates douces. J’ai appris à cuisiner le maïs, base de leur alimentation. J’ai visité aussi des petites plantations de café, de cacao et d’ananas. Mais surtout, c’est la qualité de nos rapports qui m’a plu. Le fait d’exercer le même métier, certes d’une manière très différente, a créé une proximité et un respect mutuel. Nous avions cette même envie de communiquer.
J’ai été frappée par la pertinence des questions et réflexions des agriculteurs togolais : « Alors vous ne fixez le prix d’aucunes de vos productions ? », « Vous êtes très dépendants », « Quel est le statut des femmes ? » De même, j’ai apprécié la sincérité avec laquelle ils nous présentaient leur vie, leurs croyances et leurs pratiques, comme la polygamie et la dot apportée par les garçons. Leur gentillesse et le bonheur qu’ils dégageaient m’ont touchée.
Avant d’aller en Afrique, nous avions reçu en Picardie Kodjo et Atsoupi, un conseiller agricole et une paysanne. Nous leur avions fait visiter plusieurs fermes, dont mon élevage de volailles. Grâce aux liens créés en France, nous avons réalisé là-bas un séjour selon nos attentes, privilégiant de belles relations humaines. Je n’aurais jamais vécu cela lors d’un voyage touristique. »
Propos recueillis par Marie-Pierre Canlo
(1) GDAF Bray-Picard du Cernodo, dans l’Oise.
(2) Agriculteurs français et développement international.
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